Une relative douceur, entrecoupée de quelques giboulées, a marqué les deux premières décades d'avril 2016... avant la douche écossaise : un net refroidissement et le retour de la neige jusqu'en plaine sur de nombreuses régions en fin de mois. Frédéric Decker, de MeteoNews, dresse le bilan du mois.
Une douceur très modérée, présente surtout sur le tiers sud, enveloppait l'hexagone entre le 1er et le 20 avril, malgré quelques matinées fraiches. Les régions situées au nord de la Loire conservaient alors des températures de saison dans le même temps, voire un peu sous les moyennes. Un flux de nord a provoqué un refroidissement brutal en fin de mois, entre le 23 et le 30, faisant chuter la moyenne d'avril. Les gelées, tardives, ont fait leur retour sur les trois-quarts du pays, avec des valeurs particulièrement basses les 26, 27 et 28, occasionnant des dégâts dans l'agriculture, notamment sur les vignes entre l'Anjou, le Val de Loire et la Bourgogne.
Fig. 1
Au final, avril 2016 se situe 0,1 degré sous la normale 1981-2010, comme avril 2013. On peut donc considéré avril 2016 comme "normal" malgré sa froidure tardive. Les extrêmes de températures en avril ont été de -6,6 degrés à Mouthe (Doubs, 900 m d'altitude) le 28 pour la valeur la plus basse (-4,1 degrés en plaine à Romorantin le 27), et 26,6 degrés à Calvi (Corse) le 20 pour le maximum absolu.
Précipitations dans les clous
Entre perturbations et giboulées, ce mois d'avril affiche finalement des chiffres proches des moyennes saisonnières en terme de précipitations : 61 mm en moyenne nationale, calculée sur 140 stations, pour une normale de 63 mm. Avec toutefois d'importantes disparités géographiques. Les quantités de précipitations ont été une fois et demie à deux fois supérieures aux normales du nord de Midi-Pyrénées aux frontières du Nord-Est. En revanche, les précipitations ont été nettement déficitaires du Cotentin et de la Bretagne au Poitou-Charentes ainsi que sur les régions méridionales. Le déficit a dépassé 70 % sur la région Provence - Alpes - Côte d'Azur et la Corse. C'est à Aix-en-Provence que les gouttes ont été les plus rares : 6,6 mm seulement dans le mois. Au contraire, il est tombé 251,2 mm au Mont Aigoual (Gard) ou encore 197,7 mm à Lons le Saunier, dans le Jura.
Soleil paresseux
Comme lors des trois premiers mois de l'année, après une fin 2015 très lumineuse, avril 2016 a été bien sombre sur notre pays. En effet, l'astre du jour a brillé en moyenne durant 161 heures sur la France pour une normale de 182 heures, quatrième mois consécutif déficitaire. Et depuis le début de l'année, le soleil s'est montré 465 heures en moyenne nationale pour une normale de 533 heures. C'est à peine mieux que le début d'année calamiteux 2013 et ses 434 heures. En avril, c'est entre le Massif Central, les Savoie et la frontière allemande que le déficit s'est creusé le plus. A l'inverse, les côtes de la Manche et les bords de la Méditerranée ont connu une insolation proches des valeurs habituelles.
Giboulées et neige
Les giboulées de "mars" ont été fréquentes en avril... ce qui est normal. La climatologie des décennies passées nous indique en effet que les giboulées sont aussi fréquentes en avril qu'en mars en France, le plus souvent en première quinzaine. Leur retour tardif en fin de mois est un peu moins habituel, mais pas inédit. Les températures ont tellement chuté après le 23 que la neige a fait son retour sur tous les massifs, parfois en abondance... Mais pas que ! Elle est aussi revenue en plaine sur un large quart nord-est, y compris à Paris. Un peu comme ce fut le cas fin avril 1989. La neige a toutefois rarement tenu au sol, sauf localement et très temporairement sous les plus fortes giboulées sur les premières hauteurs. Pour mémoire, il était tombé 5 cm de neige le 7 mai 1997 à Tours, 8 cm à Paris le 1er mai 1945 et 3 cm sur la capitale le 18 mai 1935... Date à laquelle Lisieux, en Normandie, relevait 20 cm au sol !
Un mois d'avril finalement proche des normales en températures, mais qui a paru froid à cause de sa fin quasi hivernale sur le tiers nord et dans l'est ; mois proche des chiffres de saison aussi côté pluie. En revanche, le soleil a nettement manqué, et ce pour le quatrième mois consécutif. Avril 2016 serait toutefois passé totalement inaperçu ou presque dans les années 90 et 80... avant le réchauffement très net de ce mois dans les années 2000...