Comme souvent depuis une quinzaine d’années, juin a été chaud en cette année 2018, très chaud même, se situant dans le top 5. Les précipitations, très inégales en fonction des orages, ont à la fois battu des records de sécheresse par endroits, et des records de fortes quantités. Frédéric Decker, de MeteoNews, revient sur ce premier mois d’été météo.
La chaleur a été omniprésente quasiment tout le mois sur la plupart des régions, un peu moins en première décade sur les régions méridionales où une certaine fraîcheur persistait. Un bref coup de frais s’est produit d’autre part du 21 au 23 pour le passage à l’été astronomique, le thermomètre passant temporairement sous les normales saisonnières. Au final, la température moyenne nationale toutes stations confondues (170) atteint 19,4 degrés en France métropolitaine pour une normale 1981-2010 de 17,8 degrés, soit un excédent de 1,6 degrés. Il s’agit du 5eme mois de juin le plus chaud depuis la fin de la seconde guerre mondiale, derrière 1976, 2005, 2017 et surtout 2003 qui détient le record avec 21,5 degrés, largement devant juin 2018. Paradoxalement, ce mois de juin très chaud s’est déroulé sans vague de chaleur remarquable, mais sous une chaleur modérée à temporairement forte (en fin de mois) durable. Les extrêmes du mois sont 3,1 degrés pour le minimum national mensuel à Erneville, dans la Meuse, le premier jour d’été astronomique le 21 ; le maximum absolu mensuel atteint une valeur relativement modérée avec 35,3 degrés à Cazaux le 30.
Fig. 1
Le premier semestre 2018 a été chaud, et ce malgré deux mois consécutifs froids : février et mars. La douceur record de janvier et les mois doux à chauds d’avril à juin ont en revanche tiré la moyenne vers le haut. La moyenne nationale semestrielle atteint 11,3 degrés pour une normale 1981-2010 de 10,4 degrés, soit un excédent de 0,9 degré. Depuis 1946, cinq premiers semestres dépassent 2018 : 1990, 2007, 2011, 2014 et 2017, et deux sont à égalité : 2002 et 2008. Le record appartient au premier semestre 2007 et une moyenne de 12,2 degrés.
Fig. 2
Pluies orageuses fréquentes
Dans le prolongement de mai, juin est resté orageux, principalement en première quinzaine, les conditions retrouvant leur calme dès le 13. Les orages ont parfois été violents, avec peu de rafales de vent toutefois mais des chutes de grêle et surtout des quantités de pluie parfois records, en particulier le 11 entre les Pays de la Loire et le Bassin Parisien. Orly a ainsi battu un record annuel de pluie en 24 heures avec 75,4 mm, dépassant les 66,1 mm du 24 août 1987. De même, les 141 mm de pluie reçus dans le mois établissent aussi un record, devant les mm de . Le 12, c’est dans le sud-ouest que des records en 24 heures tombaient : 91,3 mm à Pau, ancien record annuel de 84,0 mm le 11 mai 1993. A l’inverse, l’extrême nord du pays a connu une sécheresse de surface remarquable, avec des cumuls inférieurs à 10 mm du Pays de Caux au Nord et au Pas-de-Calais, voire proche de la nullité en battant très localement les records de faible pluviométrie de juin 1976. En moyenne nationale, juin 2018 a reçu 64 mm pour une normale 1981-2010 de 54 mm, soit un excédent de 19%. C’est à Dax, dans les Landes, qu’il a le plus plu avec 224 mm. Et à Leucate (Hérault) que le cumul le plus faible a été mesuré : 1,6 mm seulement. A noter également 3 mm seulement à Abbeville, dans la Somme. A noter que 6 mois sur 6 ont connu un excédent pluviométrique cette année 2018, et même sept mois consécutifs avec décembre 2017, pour un total moyen national semestriel de 485 mm (normale trentenaire de 363 mm (34% d’excédent)). Il faut remonter à 1978 pour trouver un premier semestre au moins aussi arrosé, avec 499 mm cette année-là (record sur la période 1946-2018). Depuis 1946, seules trois années ont connu un premier semestre au moins aussi arrosé que cette année : 1951, 1977 et 1978.
Pas mal de soleil
Après une première décade instable et bien nuageuse, le soleil est revenu en force en seconde quinzaine de juin sur la majeure partie de la France, rattrapant le retard du début du mois. Contrairement à mai « monté à l’envers », on retrouve bien les chiffres maximums près de la Méditerranée en juin. Mais le sud-ouest est resté relativement défavorisé, en particulier le piémont pyrénéen avec des chiffres faiblards. En moyenne nationale, l’astre du jour a brillé 247 heures en France en juin 2018 pour une normale 1981-2010 de 233 heures. L’excédent, peu marqué, atteint 6%. Les extrêmes du mois sont 156 heures pour le minimum national à Pau (Pyrénées-Atlantiques) et 335 heures à Montpellier pour le maximum. De janvier à juin, la durée d’ensoleillement est proche des chiffres habituels, mais quelque peu déficitaire : 918 heures pour une normale trentenaire de 977 heures (-6%). Janvier et mars, très sombres, ont pesé lourd dans la balance.
En dehors des orages fréquents et parfois violents, ayant provoqué des crues et inondations sur de nombreuses régions, le mois de juin est resté plutôt calme : peu de vent, peu de perturbations. Un vrai mois d’été, une fois de plus chaud dans un contexte de réchauffement climatique moderne persistant. Et ce malgré un ralentissement sensible de la hausse du thermomètre ces dernières années, aussi bien global que national.