L'hiver 2023 est sec, voire même très sec sur de nombreuses régions de France. Il n'y a pas eu de pluies significatives depuis plus de 20 jours à l'échelle du pays et l'indice d'humidité des sols frôle les records bas, notamment dans l'Est du pays.
La sécheresse du printemps et de l'été 2022 n'aurait du être qu'un mauvais souvenir, lorsqu'à l'automne, des pluies un peu plus fréquentes et abondantes ont enfin fait leur retour. Certains mois comme septembre ou octobre ont parfois été excédentaires, notamment dans l'Est. Mais depuis décembre, dans une période où d'ordinaire, les perturbations pluvieuses (ou neigeuses) sont fréquentes, la récurrence de conditions anticycloniques a sensiblement changé la donne, et les déficits pluviométriques sont à nouveau préoccupants au sortir de cet hiver 2022-2023.
UN MOIS SANS PLUIE NOTABLE
Dans l'Est par exemple, cette première quinzaine de février est la plus sèche depuis au moins 1959 avec moins de 5 mm mesurés à Nancy, Strasbourg, 6,6 mm à Besançon. A Lyon, le cumul de ce mois de février n'atteint même pas 1 mm ! Idem vers les Pyrénées et le sud-ouest du pays où la plupart des stations restent encore bloquées à 0 mm.
A Grenoble, il est seulement tombé 19 mm de pluie depuis le 1er janvier. Le bimestre janvier février le plus sec (qui a été observé en 1993 avec 44 mm) pourrait donc être largement battu si la situation n'évolue pas radicalement d'ici la fin du mois. Rappelons que la normale pour cette période s'élève à 141 mm...
Le mois de janvier a en effet été largement déficitaire. La sécheresse était déjà extrême dans le Roussillon depuis plusieurs mois, mais même dans le nord et l'est, les déficits en pluie ont été importants, de l'ordre de -20 à -60% en général (-30% à Dijon, -22% à Lyon, -56% à Clermont-Ferrand).
Fig. 1: Anomalie de pression du 21 janvier au 6 février 2023; Source: NOAA
ENNEIGEMENT DEFICITAIRE
La situation n'est guère meilleure au niveau de l'enneigement avec là aussi des déficits de hauteur de neige importants notamment dans les Alpes et les Pyrénées. A Valloire par exemple, on mesure seulement 50 cm au Crey du Quart à 2300m, ce qui représente le plus faible enneigement pour la période depuis 21 ans. Dans les Alpes du Nord, il faut remonter au 18 janvier pour la dernière chute de neige, aux 23-24 janvier dans les Alpes du Sud. Dans les Pyrénées, les dernières chutes de neige remontent aux 16-20 janvier !
Seule consolation, les conditions anticycloniques favorisent une fonte assez lente du manteau neigeux et les nuits parfois froides ont pu permettre de maintenir la neige de culture. Sur les Vosges, le Jura ou le Massif Central, le manteau neigeux résiste, avec des limites d'enneigement autour de 800 ou 1000 m et avec 20 à 40 cm en général entre 1000 et 1500 m.
UNE EVOLUTION PLUS FAVORABLE?
Les conditions vont encore rester relativement sèches pour les 7 prochains jours, mis à part quelques faibles pluies éparses vers le nord-est ce week-end. Malgré tout, un changement semble se profiler autour du 22-23 février prochain, où des conditions plus perturbées pourraient enfin faire leur retour sous nos contrées. Toujours est-il que si les conditions pluviométriques ne s'améliorent pas franchement d'ici le mois d'avril, les déficits et sécheresses pourront potentiellement devenir très préoccupants pour le printemps et l'été 2023 en France avec notamment des réservoirs et lacs de barrage qui n'ont de loin pas reconstitué leurs réserves, et des niveaux de nappes phréatiques globalement encore très bas sur la plupart des bassins.