Des conditions anticycloniques sous un flux de nord récurrent ont rafraîchi l'atmosphère de la France en octobre, mois frais à l'image du mois de septembre. Il faut remonter à février-mars 2013 pour retrouver une anomalie négative au moins aussi importante qu'en septembre-octobre 2015, selon Frédéric Decker de MeteoNews.
La douceur de la fin du mois d'octobre n'aura pas suffi à rattraper le retard thermique des trois premières semaines, en particulier de la deuxième décade très froide. La température moyenne mensuelle nationale s'élève à 12,5 degrés, moyennée sur 176 stations, soit 0,9 degré de déficit par rapport à la normale 1981-2010.
Fig. 1
Le déficit est surtout marqué entre la Vendée, les Charentes et la région Rhône-Alpes, jusqu'à 2 degrés d'écart négatif. Au contraire, les températures mensuelles sont restées proches des normales près de la Manche, entre la Bretagne et le Nord-Pas-de-Calais, ainsi que sur le Midi-Pyrénées.
Les extrêmes du mois sont -5,6 degrés à Mouthe (Doubs) le 21, et -2,7 degrés en plaine à Luxeuil le 20 pour les températures les plus basses. La maximum du mois a été atteint le 5 à Socoa avec 29,1 degrés.
Il faut remonter à 2003 pour trouver un mois d'octobre au moins aussi froid que 2015, plus froid même cette année-là avec 11,5 degrés de moyenne. Pour le couple septembre-octobre, 2015 affiche 14,25 degrés de moyenne seulement, soit 0,95 de déficit. Il faut remonter à l'année 1996 pour trouver un équivalent ou moins, avec 13,90 degrés.
Sur les 10 premiers mois de l'année, 2015 est désormais loin des années les plus chaudes, reléguée à la 11e place depuis l'après-guerre.
Plutôt sec
L'automne, déroulé aux deux-tiers, est frais mais également sec avec 125 mm en moyenne sur la France en deux mois contre 151 mm en normale sur la période 1981-2010. Il avait toutefois moins plu l'an dernier (98 mm), et nous restons loin des mois de septembre-octobre 1985 et leurs 46 mm !
La France a reçu 59 mm en moyenne en octobre, loin des 85 mm de précipitations "normales" calculées sur toutes les stations métropolitaines entre 1981 et 2010. Cela représente un déficit pluviométrique important, de 31%. Le déficit a été particulièrement marqué sur le nord de la Bretagne, la Lorraine et l'Hérault. C'est à Béziers qu'il a le moins plu en octobre : 9,3 mm seulement.
Seules les régions situées entre le Gard, le sud des Alpes, la Côte d'Azur et la Corse ont connu un excédent pluviométrique. Le record de pluie et la catastrophe de Cannes et ses environs confirment cette tendance. Rappelons que Cannes a reçu 195,5 mm le 3 octobre, en quelques heures seulement en fin de journée sous un puissant orage stationnaire, record absolu tous moins confondus depuis l'ouverture de la station météo. Dans le mois, il est tombé 333 mm à Cannes.
A noter d'autre part les premières neiges très précoces à basse altitude en milieu de mois sur les massifs, y compris sur le Morvan en Bourgogne.
Ce nouveau mois sec aggrave la situation de sécheresse qui concerne pratiquement tout le pays, en dehors du pourtour méditerranéen bien arrosé depuis l'automne 2014. Espérons des précipitations importantes cet hiver pour combler les nappes phréatiques.
Ensoleillement mitigé
Malgré des hautes pressions fréquentes, l'ensoleillement a été assez faible. L'astre du jour a brillé en moyenne pendant 130 heures dans le mois sur le pays au lieu de 136 heures habituellement, soit un léger déficit de 4,5%. La Champagne-Ardenne, la Lorraine, la Bourgogne, l'Auvergne et la région Rhône-Alpes ont connu un manque d'ensoleillement important, jusqu'à -40% dans le secteur de Clermont-Ferrand.
Au contraire, un ensoleillement assez généreux a concerné l'ouest du pays, plus particulièrement la Vendée avec 30% d'excédent à La Roche-sur-Yon.
Nancy est la ville la plus sombre de ce mois d'octobre 2015 avec 74 heures de présence du soleil seulement. A l'inverse, Saint-Auban a profité de 195 heures d'ensoleillement.
Un mois d'octobre donc globalement calme, sec et frais en raison de conditions anticycloniques récurrentes sur l'ouest du pays, dirigeant un flux de nord frisquet. Ambiance calme franchement ternie par la catastrophe de Cannes qui a battu tous les records locaux de précipitations en 24, 12, 6, 3 et 1 heures. A l'échelle nationale, la persistance de la sécheresse n'est pas rassurante. Souhaitons des mois pluvieux avant le printemps 2016 !