L'anomalie sèche s'est éternisée en avril, mois très peu arrosé une nouvelle fois sur notre pays. Les conditions anticycloniques récurrentes expliquent bien sûr la persistance de la sécheresse. Frédéric Decker, de MeteoNews, revient sur ce mois d'avril 2017.
Globalement très faibles au cours des trois premières semaines, les précipitations ne sont réellement arrivées qu'en dernière semaine sur la France. Les quantités de pluie ont été déficitaires partout, ne représentant parfois que 5 à 10% de la normale, notamment en Champagne-Ardenne avec 3,4 mm seulement à Reims. En moyenne, la France a reçu 30 mm d'eau au cours de ce mois d'avril 2017 pour une moyenne de 63 mm sur la période 1981-2010. Le déficit atteint 52%. C'est au Mont Aigoual qu'il a le plus plu : 101,3 mm dont 79 mm en une seule journée le 30. En plaine, le maximum appartient à Istres, dans les Bouches-du-Rhône, avec 82 mm. Avril 2017 a été sec, mais dix mois d'avril ont été plus secs depuis 1946 en France avec un record en avril 1955 : seulement 7 mm.
La sécheresse s'est intensifiée au cours de ce mois. De juillet 2016 à avril 2017, la France n'a reçu que 453 mm de précipitations en moyenne nationale, un record, battant de très peu le record établi entre juillet 1948 et avril 1949 qui était de 454 mm. La moyenne 1981-2010 pour la période juillet-avril est de 647 mm. Le déficit atteint 30% sur ces dix mois !
Beaucoup de soleil
La présence quasi continue de l'anticyclone a permis au soleil de briller très largement sur la France, en particulier lors de la première quinzaine. La seconde a été un peu plus sombre, sans excès toutefois.
L'astre du jour a brillé 248 heures dans le mois en moyenne nationale, largement plus que la normale 1981-2010 qui est de 182 heures. Seuls cinq mois d'avril ont été plus ensoleillés que cette année depuis 1946 : 1947, 1955, 1997, 2007 et 2011. Le record appartient toujours à avril 1997 et ses 273 heures.
C'est à Lille que l'ensoleillement a été le plus faible avec 197 heures, chiffre pourtant important pour la région. Le maximum revient à Ajaccio avec 315 heures.
Températures contrastées
Avril 2017 était parti pour être très chaud avec 3 degrés d'excédent en première quinzaine et des pics de chaleur particulièrement précoces, notamment le 9 avec 25 degrés et plus sur les deux-tiers du pays. En seconde quinzaine, la tendance s'est totalement inversée avec des descentes d'air froid successives, faisant brutalement chuter la température moyenne nationale. Les gelées ont été fréquentes et tardives sur bon nombre de régions, avec des records de froid, par exemple -5,4 degrés le 20 à Beauvais et jusqu'à -8,9 degrés à Mourmelon-le-Grand, dans la Marne.
Au final, avril est très proche de la normale 1981-2010 avec 0,4 degré d'excédent et 11,2 degrés de moyenne, à peine plus finalement qu'en mars dernier qui fut très chaud (10,8 degrés). Les nuits fraîches voire froides ont été compensées par des journées douces.
De janvier à avril, la moyenne atteint 8,3 degrés en France pour une normale de 7,9 degrés. Sur cette même période, six années seulement ont été plus chaudes que cette année : 1990, 2002, 2007, 2008, 2011 et 2014. Le record reste 9,8 degrés en 2007. Pour mémoire, en 1963 la moyenne des quatre premiers mois de l'année n'était que de 3,9 degrés.
Phénomènes particuliers
Les gelées blanches ont été très fréquentes, en particulier lors de la seconde quinzaine. Les gelées parfois fortes de la fin du mois ont causé des dégâts à la végétation et aux cultures. La neige est tombée parfois jusqu'en plaine du 25 au 28, de Saint-Brieuc à Paris jusqu'en Lorraine et en Bourgogne, alors qu'une couche de neige parfois conséquente recouvrait les montagnes dès 800 à 1000 mètres seulement. Très peu d'orages pour ce mois de printemps, quelques chutes de grésil et de grêle, mais plutôt déficitaires en fréquence. Une faible et brève tornade a touché la commune de Calais le 25 avril, sans causer de dégâts significatifs.
Un mois d'avril dans les normes côté thermomètre, mais fort contrasté avec une première quinzaine chaude, suivie d'une seconde bien froide. Très peu de pluie et beaucoup de soleil, des conditions qui ont aggravé la sécheresse qui bat des records sur la période de dix mois allant de juillet à avril. Les mois prochains s'annoncent difficiles voire critiques en l'absence de précipitations suffisantes. En moyenne, l'évapotranspiration dépasse les quantités de pluie jusqu'en septembre, ce qui risque d'accroître encore la sécheresse, aussi bien en surface qu'en profondeur. Il faut espérer le retour de passages pluvieux plus conséquents et plus réguliers pour limiter les dégâts.