Comme en 2018, 2019 a connu un été particulièrement chaud, ensoleillé et sec, bien qu’un chouia moins que l’an dernier. Frédéric Decker, météorologue à MeteoNews, dresse le bilan du mois d’août et de l’été.
Le mois dâaoût aura été le mois le moins chaud de lâété 2019 côté excédent thermique, celui-ci se réduisant à 1,1 degrés au-dessus de la moyenne 1981-2010 (contre +1,7 en juin et +2,1 degrés en juillet). La chaleur très présente a connu une semaine dâinterruption en milieu de mois pour le long week-end du 15 août. Avec une moyenne nationale mensuelle de 21,2 degrés pour une normale de 20,1 degrés, août 2019 se situe en sixième position des mois dâaoût les plus chauds derrière 1991 (21,3), 2018 (21,6), 1947 (21,7), 1997 (22,1) et surtout 2003 (23,9 degrés). La température moyenne saisonnière nationale calculée sur 170 stations atteint précisément 21,02 degrés, positionnant lâété 2019 en troisième place des étés les plus chauds derrière 2018 (21,15 degrés) et 2003 (22,24 degrés). Il sâagit du troisième été consécutif dépassant 20 degrés de moyenne, une première ! En tous cas depuis au moins 1946, date des premiers relevés météo départementaux. Avant 2017, 18 et 19, il nây avait jamais eu⦠deux étés consécutifs au-dessus de ce seuil ! Cette chaleur omniprésente ces trois derniers étés sâinscrit clairement dans le contexte de réchauffement climatique observé en France ces 40 dernières années. La chaleur sâest installée à partir de la mi-juin après une première quinzaine un peu fraîche. On notera deux pics caniculaires records, fin juin avec 46 degrés dans le Gard, nouveau record absolu national, et fin juillet avec plus de 40 degrés au nord de la Loire dont 42,6 degrés à Paris, record parisien absolu depuis au moins 360 ans !

Fig. 1
Sécheresse
La longue sécheresse, débutée lâété 2018, sâest éternisée cet été 2019 avec deux mois sur trois sous les normales : juillet et août. Juin est resté dans les clous (55 mm pour une normale de 54 mm) grâce aux orages de la première quinzaine. La sécheresse de juillet (34 mm pour 48 mm) sâest poursuivie en août avec un total mensuel moyen national de 41 mm pour une normale de 51 mm, soit un déficit de 20%. Ce chiffre reste loin du record du mois dâaoût le plus sec, à savoir 1991 et ses 21 mm. Sur ces trois mois dâété, la France a reçu 130 mm pour une normale de 153 mm, soit un déficit de 15%. Quinze étés ont été plus secs que cette année depuis 1946, en particulier lâété 1989 qui nâavait reçu que 84 mm en moyenne en trois mois. Lâété 2019 est le cinquième été consécutif sec, faisant suite à un été 2014 très arrosé (212 mm). Entre 1983 et 1990, huit étés sur neuf avaient été trop secs à part 1987, avec une série particulièrement difficile de 1988 à 1991 ! Les cinq saisons consécutives en cours sous les normales pluviométriques ne sont pas inédites non plus, déjà vu récemment entre lâété 2016 et lâautomne 2017 (6 consécutives), entre lâété 1988 et lâautomne 1989 (6 consécutives). La sécheresse de surface marquée à exceptionnelle selon les régions a temporairement reculé en août au gré des pluies et des orages, notamment au nord et à lâest. La sécheresse en profondeur reste relativement limité malgré le manque dâeau récurrent, et a contrario plus marquée dans lâest que dans lâouest ! La Corse sâen sort même avec des nappes phréatiques excédentaires.
Beaucoup de soleil
Comme juin et juillet, août 2019 conserve un bon niveau en ensoleillement, dans une moindre mesure tout de même. Le début et la fin du mois ont connu de belles périodes de lumière, alors que le milieu de mois était temporairement plus sombre. Au final, lâastre du jour sâest montré durant 258 heures dans le mois sur lâhexagone pour une moyenne 1981-2010 de 242 heures, soit un petit excédent de 7%. Sur les trois mois dâété, du 1er juin au 31 aout, la France a reçu 844 heures de soleil pour une normale de 735 heures, soit un surplus de 15%. Lâété 2019 dépasse lâété 2018 qui comptabilisait 825 heures dâensoleillement. Depuis 1946, cinq étés ont été encore plus lumineux que 2019, et il faut remonter à 1976 pour trouver un chiffre au moins équivalent avec 882 heures. Les quatre autres étés devant 2019 sont 1962 (862 heures), 1959 (865 heures), 1952 (849 heures) et surtout 1949 qui maintient son record (911 heures).
Qui dit chaleur dit orages⦠Eh bien non, pas toujours ! Cet été 2019 a au contraire été particulièrement peu orageux avec 196.000 impacts de foudre sur les trois mois pour une normale de 336.000, soit un gros déficit de 42% ! Il sâagit de lâété le moins orageux en France depuis 2000 (début des relevés fiables des impacts de foudre) et de lâannée en cours la moins orageuse : 221.000 impacts seulement du 1er janvier au 31 août, câest à peine plus de la moitié de la normale (403.000). Les masses dâair sec et les contrastes thermiques peu marqués expliquent ce manque dâorages.
Un été donc « estival » si lâon sâen tient à lâimage dâEpinal de lâété, mais réellement très chaud, sec et très ensoleillé. Le deuxième consécutif de ce type, un peu à lâimage des étés 1989 et 90, mais en plus chaud avec une ribambelle de records absolus, battant lâété 1947 ! Une chaleur une fois de plus au sommet dans un contexte de réchauffement climatique indéniable !