Dans le prolongement du froid de février, mars est resté frais, les épisodes de temps doux étant restés rares et de courtes durées. Après les fortes gelées du 1er mars, des conditions hivernales se sont à nouveau invitées entre le 17 et le 23, faisant même tomber des records de froid diurnes pour une seconde quinzaine de mars. Frédéric Decker, de MeteoNews, fait le point.
Le pic de froid de fin février a débordé sur le 1er mars, avant de s’effacer. Une relative douceur s’est ensuite installée du 9 au 16, cédant la place à une brutale invasion d’air froid sous un « Moscou-Paris » particulièrement tardif. Si les nuits n’ont globalement pas été trop froides en dehors du nord-est où il a parfois fait jusqu’à près de -10 degrés, les journées ont été exceptionnellement froides, en particulier les 18 et 19. Les records de froid pour une seconde quinzaine de mars de 1980 et 1975 sont tombés avec par exemple le 19 :
-> +0,3 degré de maximum à Creil, ancien maximum le plus faible en deuxième quinzaine de mars : +0,4 degré le 18 mars 2018
-> +0,1 degré de maximum à Trappes, ancien maximum le plus faible en deuxième quinzaine de mars : +0,6 degré le 19 mars 1975
-> +0,6 degré de maximum à Toussus le Noble, maximum le plus faible égalant le 18 mars 2018
-> +0,3 degré de maximum à Evreux, ancien maximum le plus faible en deuxième quinzaine de mars : +0,8 degré le 20 mars 1975
-> +0,7 degré de maximum à Deauville, ancien maximum le plus faible en deuxième quinzaine de mars : +1,0 degré le 19 mars 1975
-> +0,7 degré de maximum à Rouen, ancien maximum le plus faible en deuxième quinzaine de mars : +1,3 degrés le 20 mars 1980
-> +0,7 degré de maximum à Roissy, ancien maximum le plus faible en deuxième quinzaine de mars : +1,0 degré le 21 mars 1980
-> +0,7 degré de maximum à Beauvais, ancien maximum le plus faible en deuxième quinzaine de mars : +1,2 degrés le 20 mars 1980
Le 18, Brest s’est même offert le luxe d’égaler record de froid mensuel avec +1,3 degrés seulement sous des chutes de neige persistantes, comme le 10 mars 1958
La moyenne nationale calculée sur 170 stations atteint 7,8 degrés, soit un déficit thermique de 0,6 degré. A noter que mars 2018 a été plus froid que janvier qui affichait une moyenne mensuelle de 8,2 degrés (record) ! Cet événement, bien que rare, n’est pas inédit : en 1975 et 1962 entre autres, mars avait également été plus froid que janvier qui le précédait. Le déficit a été plus marqué sur le quart nord-est et en altitude durant le mois.
Fig. 1
Le minimum absolu national à basse altitude a été atteint le 1er à Phalsbourg avec -8,9 degrés. A l’inverse, le maximum du mois a été de 24,0 degrés à Saint-Girons, enregistré le 10.
Encore beaucoup de pluie
Les mois se suivent et se ressemblent. Après la relative accalmie de février, le courant dépressionnaire a repris du poil de la bête en mars, occasionnant un véritable défilé de perturbations, et donc des précipitations fréquentes et abondantes sur l’ensemble du pays.
Excédentaires partout à l’exception des frontières du nord-est, les cumuls mensuels de pluie sont trois à cinq fois plus importants qu’habituellement autour de la Méditerranée, éloignant un peu plus la sécheresse si bien installée ces dernières années.
La France a reçu en moyenne nationale 96 mm d’eau (pluie et neige) pour une normale 1981-2010 de 55 mm, soit un excédent important de 75%. Depuis 1946, seuls quatre mois de mars ont été plus arrosés que cette année : 1947, 1978, 1979 et 2001 (record cette dernière année avec 132 mm), et un mois de mars a reçu la même quantité que cette année : 2006.
Les extrêmes du mois de mars 2018 sont : 35 mm à Strasbourg pour la valeur la plus faible, 244 mm au Mont Aigoual pour le maximum, et 205 mm à Cannes pour les stations de basses altitudes.
Le premier trimestre 2018 a été particulièrement arrosé avec 274 mm de pluie sur l’hexagone en moyenne nationale (normale : 178 mm, excédent de 54%). Trois années ont fait « mieux » ou pire : 1988 (277 mm), 1979 (287 mm) et surtout 1978 (301 mm). Le premier trimestre 2018 se place ainsi en quatrième position des premiers trimestres les plus pluvieux.
A noter par ailleurs des chutes de neige tardives sur la plupart des régions, y compris le Finistère, Ouessant ou encore Marseille entre le 18 et le 20. Un phénomène local exceptionnel a concerné une partie du Val d’Oise durant cette période avec une forte chute de neige statique, donnant une trentaine de centimètres de neige dans le secteur de Saint-Leu-la-Forêt.
Encore un mois obscur
Après la pause de février qui a presque atteint son quota d’ensoleillement à trois heures près, mars a renoué avec une très importante couverture nuageuse sur la plupart des régions. En conséquence, la durée d’ensoleillement est généralement faible voire très faible.
La durée moyenne nationale n’est que de 112 heures de présence du soleil pour une moyenne 1981-2010 de 156 heures, soit un déficit de 28%. L’absence quasi totale de conditions anticycloniques explique bien sûr ces chiffres au ras des pâquerettes. Les extrêmes du mois sont 59 heures de soleil pour la station la moins ensoleillée à Rouen, et 200 heures à Marseille, ville la plus ensoleillée.
Les 271 heures du premier trimestre sont la troisième valeur la plus faible derrière 2013 (270 heures) et 2001 (258 heures).
Phénomènes divers
Outre le gel et la neige qui ont été cités plus hauts, ce mois de mars a été relativement calme. Pas de tempête, peu d’orages… En revanche, le mois s’est terminé par un événement assez rare : une tornade de faible intensité s’est formée sous un orage dans le Var, entre La Crau et Solliès-Ville. Le tourbillon a occasionné quelques dégâts mineurs.
A noter une pression atmosphérique moyenne mensuelle de 1004,2 hPa en moyenne nationale, valeur la plus basse pour un mois de mars battant les 1006,6 hPa de mars 2013. Une donnée qui insiste sur le côté dépressionnaire pour ne pas dire « pourri » de ce mois qui n’a bénéficié que de quatre journées anticycloniques (plus de 1013,25 hPa).
Un mois de mars frais, temporairement exceptionnellement froid du 18 au 20 avec des records, très pluvieux et peu ensoleillé. Bien loin de l’image du printemps que l’on peut se faire mais aussi des normales climatiques, et à des années-lumière de mars 2017, chaud, sec et ensoleillé.