Après un hiver "de saison" côté thermomètre mais souvent sec, la douceur et la chaleur ont dominé durant une grande partie du printemps malgré une période froide du 17 avril au 10 mai. Comme ces dernières saisons depuis l'été 2016, la pluie a fait défaut, sans atteindre de record ce printemps. Frédéric Decker, de MeteoNews, revient sur les aspects climatiques particuliers de ce printemps 2017.
Malgré une première décade bien fraîche, près de 2 degrés de déficit, mai 2017 a été particulièrement chaud, avec notamment une troisième décade estivale, très largement au-dessus des moyennes saisonnières. Le mois dernier affiche 16,0 degrés de moyenne nationale (calculée sur 180 stations) pour une normale 1981-2010 de 14,5 degrés, soit 1,5 degrés d'excédent. Depuis 1946, seuls quatre mois de mai ont été plus chauds que cette année : 1990 et 2008 (16,1 degrés), ainsi que 1989 et 1999 (16,2 degrés). Deux mois de mai ont par ailleurs connu une valeur identique à cette année : 1992 et 2011. A noter que ce mois de mai 2017 a été marqué à la fois par des gelées tardives en début de mois à Reims, Saint-Yan, Le Puy ou encore à Charleville-Mézières, et par des fortes chaleurs précoces faisant même tomber des records avec 35,1 degrés par exemple à Biscarrosse (Landes).
Sur la saison du printemps climatologique, du 1er mars au 31 mai, le printemps 2017 a été particulièrement chaud avec une moyenne nationale de 12,7 degrés, valeur proche du record établi lors des printemps 2007 et 2011 avec 12,9 degrés. Ce dernier printemps est donc le troisième plus chaud depuis 1946. Cette chaleur récurrente fut interrompue pourtant durant près d'un mois, de mi-avril jusqu'au 10 mai lorsque des masses d'air froid et des gelées anormalement fréquentes et tardives touchaient de nombreuses régions. La moyenne des cinq premiers mois de l'année indiquent 9,86 degrés en France, septième valeur la plus forte derrière 2007 (record avec 11,00 degrés), 2014, 2011, 1990, 2008 et 2002. Ces excédents thermiques s'inscrivent bien sûr dans le contexte de réchauffement climatique, observé en France depuis maintenant près de 40 ans.
Assez peu d'eau
La pluie est plus ou moins revenue en mai malgré des perturbations assez rares et concentrées en première décade. La suite fut plutôt sèche en dehors de quelques vagues orageuses localement virulentes. Au final, la France a reçu en moyenne 60 mm de précipitations en mai, valeur proche de la normale 1981-2010 qui est de 68 mm, soit un léger déficit de 12%, léger manque s'ajoutant toutefois à celui des nombreux mois précédents.
Sur les trois mois de printemps, le cumul s'élève à 156 mm sur notre pays pour une normale de 186 mm, soit environ 16% de déficit, et ce malgré un mois de mars bien arrosé. La reprise de la sécheresse en avril a pesé lourd dans la balance. Bien que sec, ce printemps est loin des records (90 mm seulement en 2011), dix-huit printemps ont été plus secs depuis 1946.
Depuis juillet 2016, l'hexagone a comptabilisé seulement 513 mm de précipitations en moyenne pour une normale de 715 mm, soit un déficit de 28%, ce qui est remarquable sur une durée aussi longue de onze mois ! Ces 513 mm établissent d'ailleurs un nouveau record pour la période juillet-mai, battant les 527 mm reçus entre juillet 1948 et mai 1949. Une sécheresse record sur ces 70 dernières années qui devient inquiétante alors que l'été météorologique démarre avec des niveaux d'évapotranspiration très importants attendus.
Soleil gagnant
Comme en avril, l'astre du jour s'est montré généreux lors de ce mois de mai. Il a brillé 245 heures en moyenne sur notre pays pour une normale de 211 heures, soit un excédent de 16%. Cette valeur n'est pas exceptionnelle, dépassée 14 fois depuis 1946, et loin derrière les 304 heures de mai 1989.
Sur l'ensemble du printemps météo, l'ensoleillement atteint 647 heures, moyenné sur toutes les stations mesurant ce paramètre, nettement au-dessus de la normale qui affiche 548 heures (18% d'excédent). Sept printemps ont été encore plus lumineux depuis 1946, avec un record appartenant au printemps 2011 avec 723 heures.
Phénomènes divers
Les gelées blanches tardives du mois ont causé encore des dégâts sur quelques cultures après les fortes gelées de la seconde quinzaine d'avril.
L'activité orageuse a été globalement supérieure à la normale notamment en terme d'intensité avec un taux de foudroiement élevé pour ce mois de mai, et une fréquence d'orages légèrement au-dessus d'un mois de mai "classique". Des vagues orageuses ont touché le pays tout début mai, les 11 et 12 sur de nombreuses régions, le 18 au nord de la Loire puis en fin de mois sous les fortes chaleurs, notamment le 28 au soir entre la Bretagne et le Cotentin où une activité électrique exceptionnelle était observée.
On notera par ailleurs une faible tornade à Rennes le 1er mai puis le 3 mai dans les campagnes de l'Yonne.
Un mois de mai hors norme côté thermomètre surtout, à 0,2 degré du mois de mai le plus chaud observé à deux reprises, en 1989 et 1999. Un printemps particulièrement chaud également, troisième plus chaud derrière 2007 et 2011. Mais c'est surtout la sécheresse qui inquiète : le déficit pluviométrique, bien que léger en mai, s'ajoute à celui des dix mois précédents, affichant même un record pour la période juillet-mai. Une situation devenant même critique alors que l'été climatique débute avec des tendances saisonnières indiquant une anomalie chaude et sèche sur les trois mois d'été. Des restrictions d'usage de l'eau, déjà en cours dans certains départements, vont très probablement s'étendre au cours des semaines à venir.